Éthique, Faits divers

Dépigmentation au Mali : se détruire pour ressembler à l’autre

Au Mali, la femme de teint clair semble de plus en plus enviable et convoitable par les hommes surtout les jeunes dès sa première vue. Or on ne naît pas tous clairs ici. De nature, nous sommes noirs, noirs comme couleur de peau en Afrique. Mais cette couleur gêne beaucoup d’entre nous surtout dans la gent féminine, car beaucoup d’entre elles pensent qu’elles seraient inaperçues par les hommes rien qu’à cause de la couleur de leur peau (noire). N’y a-t-il pas un complexe d’infériorité chez elles ? La peau claire est-elle devenue un critère de beauté dans notre société ? Des questions qu’on se doit de se les poser.

Les femmes dans ce cas de complexité trouvent un autre moyen de se faire claire pour avoir des conquêtes amoureuses et avoir plus de visibilité et d’affection dans la société. Ce moyen, c’est l’usage des produits pour des fins esthétiques sur leur corps dont les conséquences leur comptent peu. C’est la dépigmentation !

Comme la teinte claire est devenue un critère de beauté, celles qui se sentent gênées par leur couleur, se dépigmentent dans le but de plaire aux autres. C’est ainsi qu’elles utilisent ces produits sous forme de crème, de gels, du lait corporel, du savon parmi d’autres, mélangés les uns aux autres souvent. Certaines le font sans être conscientes de leurs effets néfastes sur le corps au depart, mais à la fin, finissent par s’en rendre compte, à en croire une amie blogueuse, Fatim Touré.

Elles dépensent des fonds considérables pour s’octroyer ces produits dans les boutiques de luxe beauté. Et souvent elles sont épaulées par leurs partenaires. C’est dire qu’elles le font en complicité avec ces derniers étant donné qu’ils aiment ça. C’est pourquoi Fatoumata Signo Traoré (fière de son teint naturel), étudiante en droit privé à l’université de Bamako, trouve que nous, les hommes, nous avons aussi une part de responsabilité dedans, car nous avons une faible résistance devant les femmes claires.

D’ailleurs tu sors avec une « prodimunnɑɑ » , adepte de la dépigmentation en langue bamanan, tu vas financer d’une manière ou d’une autre ou tu laisses la place aux autres capables de le faire. Il faut signaler notamment que les hommes aussi commencent à entrer dans la danse pour les mêmes raisons.

Toutefois, ça peut tourner à la dérive, à l’envers. Au lieu d’avoir la couleur de peau cherchée, tant souhaitée (claire et unique), elles auront plusieurs couleurs à la fois sur leurs corps. Leur odeur devient insupportable, fade pour les autres. Or, elles pensent plaire à ces derniers. Parfois, je me demande même, comment elles font pour se supporter elles-mêmes ? Se parfumer, bien sûr. Difficile également qu’elles puissent marcher comme les autres avec leurs teints naturels sous le soleil pendant la période de chaleur, car leur peau est fragilisée et ne peut supporter le soleil et la chaleur. Quelle souffrance!

Outre ces difficultés, il faut noter également les maladies liées à cette dépigmentation comme les cancers de peau ou encore les difficultés de prise en charge en cas d’urgence pour des cas chirurgicaux.

En tout, ceux qui se depigmentent pour plaire exposent leur complexe d’infériorité. La beauté, ce n’est pas seulement le caractère physique. Elle réside aussi dans les aptitudes morales et intellectuelles. Lesquelles aptitudes doivent primer sur celles physiques. Mes mères et sœurs (et frères), décomplexez-vous ! Celui ou celle qui vous aime réellement, vous aimerez même si vous êtes noirs comme charbon. Ce n’est pas une raison de vous exposer à la dépigmentation avec toutes ses conséquences qu’on connaît. Soyons fiers de ce dont la nature nous a dotés!

Comme le dit une sagesse bambara reprise par le doyen Seydou Badian Kouyaté dans son Sous l’Orage : 《Un tronc d’arbre sous l’eau ne se transformera jamais en crocodile, peu importe sa durée》.