Éducation, Chronique

Chronique sur « L’enfant philosophe: De La métaphysique, tome1 « 

L’enfant philosophe (tome 1) est le nouveau bouquin de notre jeune écrivain malien, édité par les éditions Edilivre en France. Ce Tome 1 moins volumineux (50 pages) mais riche dans son contenu en connaissances, informations et sera suivi d’un deuxième dans les prochains mois m’a rassuré l’auteur. Cet ouvrage sera bientôt disponible dans les librairies maliennes et sur les points de vente en ligne. Mais avant de nous plonger dans le livre, il est important de connaître d’abord son auteur comme j’aime le faire et le rappeler à d’autres, pour mieux appréhender la pensée d’un auteur, il faut d’abord connaître l’auteur lui-même, sa vie. Car on ne peut pas parler de la pensée de quelqu’un sans pour autant le connaître. 

Qui est Fousseni TOGOLA ? 

   © Fousseni Togola

Fousseni est né le 19 septembre 1989 à Fana où il passa ses études primaires et fondamentales avant de la quitter pour la première fois afin de pouvoir faire son lycée à Ségou  où il obtint son bac en 2011. Après le bac, il s’inscrit en philosophie dans la faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation (FSHSE)  de l’Université de Bamako où il sort avec une Maîtrise à son compte avec une mention bien en 2013. En cette même année, il entre à l’École normale supérieure (EN.SUP) de Bamako suite à sa réussite au concours d’entrée directe à cette prestigieuse grande école où il sort l’année dernière avec un Master avec une mention bien en philosophie. Marié et père d’un garçon, il est professeur de philosophie au secondaire à Bamako. Ayant comme centres d’intérêt: l’éducation, les droits de l’homme, la parité entre les sexes, l’environnement, TOGOLA est aussi Blogueur (membre de la communauté des blogueurs du Mali dénommée DONIBLOG), journaliste et auteur de plusieurs articles et plusieurs livres dont le dernier en date est l’enfant philosophe.
Prolégomènes  de  L’Enfant Philosophe,   Tome 1 : de la métaphysique
 » Les benjamins de la famille sont en général les enfants les plus chouchoutés, les plus gâtés parce qu’ils arrivent à un moment où le père et la mère sont déjà vieux et par conséquent n’ont plus assez de force pour s’engager durablement dans l’éducation. Outre cela, l’idée que le benjamin constitue le dernier enfant, celui qui durera auprès d’eux pendant leur vieillesse faite qu’ils ne songent plus à lui faire des impositions. C’est ce qui explique l’extrême intelligence de la plupart de ces enfants. Cette grande capacité de compréhension relève juste du fait que l’enfant évolue normalement sans trop de pressions familiales et bénéficie aussi de la sagesse de la vieillesse. C’est pourquoi Aristote suggérait qu’il faut se marier vers l’âge de 37 ans. Moussa est un enfant de dix ans, très intelligent et courageux. Le jeune homme outrepasse tous ses camarades en intelligence ; une intelligence entretenue certes par sa curiosité. Il est très curieux et veut tout savoir. S’il est vrai que l’étonnement, le questionnement sont l’origine de la philosophie, alors il n’y a aucun doute, Moussa est né philosophe. Le quotidien de cet enfant, c’est l’assouvissement de sa curiosité en questionnant instantanément les vieilles personnes voire en animant des débats autour des problématiques que nous considérons comme de véritables casse-têtes. Par ailleurs, le comportement de Moussa confirme les propos de Karl Jaspers selon qui il existerait une philosophie strictement pour les enfants, une philosophie des enfants. À cet effet, ce livre aurait pu s’appeler une didactique de la philosophie puisque la plupart des didacticiens pensent à l’instauration d’une philosophie pour enfant, c’est-à-dire des séances au cours desquels le professeur organise des débats avec les enfants. Alors, ce livre constitue une ébauche des différentes problématiques traitées et résolues par le jeune Moussa lors de ses ébats philosophiques. L’enfant philosophe est un appel lancé aux parents, aux autorités scolaires pour qu’ils ne considèrent plus un enfant comme un être ne pouvant poser que des questions insensées ; l’enfant est un être assez mystérieux qui peut nous apprendre pleine de choses si toutefois nous savions nous intéresser à ses interrogations qui sont pour la plupart et dans un premier temps métaphysiques. » P. 5 à 6.

 

Avis
L’enfant philosophe est un livre qu’on  peut mettre dans la catégorie roman philosophique comme Le monde de Sophie de Jostein Gaarder ou encore l’âme du monde de Frédéric Lenoir par exemple.

C’est un ouvrage écrit dans un style simple  et son contenu est facile à saisir. C’est pourquoi on peut le prendre comme une référence d’initiation à l’étude de philosophie et je n’hésiterais pas à le mettre parmi les livres que je conseillerais pour qui veut s’initier à la philosophie surtout à la métaphysique s’il me le demande évidemment. Pourquoi? Parce qu’on y trouve tout simplement la pensée des grands philosophes comme Platon sur la question de l’immortalité de l’âme et Aristote , Marx sur le progrès, Freud sur le rêve ; des interprétations religieuses(La Tora, la Bible et le Coran) sur la mort, sur le Bien et le Mal et celles scientifiques(de la mort) sur les thèmes abordés et qui sont savamment et globalement expliqués avec clarté et simplicité et confronter les unes aux autres selon le thème auquel elles se substituent.

Comme vous l’auriez déjà compris, ce tome 1 traite de la métaphysique. De ce fait, les questions qui y sont abordées sont d’ordre métaphysique à savoir la question de la mort, la question de l’origine du Bien et du Mal, du progrès social, le rêve. Le tout expliqué dans un chronogramme de cinq jours (un jour, un thème, comme on le faisait avec le conte dans nos sociétés traditionnelles.). Mais pour ce faire, il faut savoir qu’est-ce que la philosophie? Qui est philosophe? Qui ne l’est pas? C’est là, la question de départ de l’enfant philosophe à son père puisqu’il est lui-même appelé philosophe tandis qu’il ne sait pas qu’est-ce que c’est.

Donc ces questions sont soulevées par un enfant curieux (suite à ses différentes observations sur des faits constatés dans son environnement) qui, au départ, est vu dans son milieu comme un dérangeur et par conséquent on le fuyait comme Socrate l’a été à Athènes dans la Grèce antique (lire dans l’Apologie de Socrate). Chose qu’il a mal vécue dans son être et qui l’a même  mis dans une  profonde « angoisse ». Mais heureusement qu’il fut aussitôt compris et aidé par son père qui est le seul à comprendre son mal et qui est allé jusqu’à se défaire de certains de ces cours à l’Université, car il vient de saisir l’intérêt pour les enfants de s’extérioriser, de communiquer avec d’autres pour les comprendre afin de les aider à mieux comprendre les choses, voire même celles les plus mystérieuses. Le père de Moussa est à l’image de ces pères responsables et exemplaires qui ne badinent pas avec l’éducation de leurs enfants et qui méritent d’être appelés père si je m’exprime en confucéen. Moussa à son père : « Tout le monde trouve que je pose trop de questions. En conséquence, nul ne veut discuter avec moi… (or) j’apprends plus à travers les questions-réponses qu’en bichant mes leçons. »  P.10

Comme les didacticiens, l’auteur trouve utile de créer un environnement d’éducation stable aux enfants et les laisser apprendre par eux et pour eux et non par autrui. Cela se fait  à travers les débats, les questions-réponses. Donc inutile d’imposer aux élèves de mémoriser des milieux de pages de leçons dont ils ne comprennent même pas  le sens.

Ce qui m’a beaucoup frappé dans ma lecture, c’est comment l’auteur à travers ce fameux professeur de philosophie au supérieur  a su savamment et pédagogiquement et surtout avec simplicité traiter les questions de son fils en citant des auteurs comme Aristote, Gilles Deleuze; Marx, Popper ( parmi d’autres) par-ci par-là. Or la philosophie est considérée par beaucoup comme une discipline complexe à cause de ses concepts, son langage. Mais il a su la rendre simple. De ce fait, si je me le permets, L’auteur est un vrai pédagogue (fonction l’oblige), un philosophe didacticien comme Michel Tozzi et qui appelle à l’être pour se faire comprendre sans être pourtant ennuyeux pour ses interlocuteurs. Ainsi, n’est-il pas nécessaire de faire une philosophie pour les enfants ?  En tout cas, il y a un message envoyé à tous les éducateurs. Ce n’est pas pour rien qu’ il cite Tariq Ramadan comme un modèle de cette posture. Écoutons l’auteur lui-même sur la première attitude prise par Amadou suite à la première question d’entrée posée par son fils avant de commencer à philosopher ensemble:

« (…) Il (le père de Moussa) réfléchit sur la façon de répondre à cet enfant en adaptant sa langue à son niveau de compréhension comme fait Tariq Ramadan, le grand islamologue et philosophe Égyptien, dans ses entretiens sur l’islam avec ses étudiants et avec la masse hypertrophiée. » P.11

Le cas Moussa est celui de tous les enfants dans la solitude éprouvant des sentiments de communiquer, mais qui en sont toujours privés dans ce monde de chacun pour soi et le diable pour tous. Mais Moussa a de la chance d’avoir Amadou comme père et d’autres gens autour de lui.

Les enfants doivent être écoutés comme les adultes. Ils ont quelque chose à nous dire et à nous apprendre. La communication est vitale pour leur épanouissement. De ce fait, nous devons nous intéresser à leur cas, de leur enfance afin de bien la comprendre et l’étudier. C’est un vibrant appel de notre blogueur :

 « L’enfance est une période qu’aucun philosophe n’arrive encore à bien cerner, mais qui mérite d’être interrogée  profondément en nous y intéressant. » P. 48

 

Quelques personnages

Moussa: l’enfant philosophe

Amadou: professeur de philosophie à l’Université de bendougou, père de l’enfant.

Aïssata: mère de Moussa.

Mamourou: grand frère de Moussa et son grand maître en traduction de rêve.         

Ibrahim Sona: prof.d’histoire de Moussa. 

 

 

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